La révolution française de 1848 est un mouvement révolutionnaire qui débuta à Paris par les journées de Février (22, 23 et 24 février. 1848) et se prolongea jusqu’au 26 juin 1848. Née d’une crise économique et industrielle, d’un profond désir de réformes politiques (qui élargiraient notamment le droit de vote).

• Février 1848
Février 1848, la monarchie est menacée. La lassitude du peuple envers le régime de Louis-Philippe et une crise économique générale depuis 1846, entraînent les parisiens vers la révolution. En effet, début 1848, la monarchie est à bout de souffle. L’autoritarisme de Louis-Philippe, la corruption des députés pour assurer une large majorité au ministère conservateur de François Guizot détachent le pays du régime. S’y ajoutent une crise économique générale, dès 1846, le pain est trop coûteux pour l’ouvrier parisien, et le problème du cens (montant des impôts nécessaire pour voter aux législatives). Les libéraux veulent l’abaisser, Guizot refuse, conseillant: "Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne." Les réunions politiques étant interdites, l’opposition organise des banquets. Le dernier, prévu à Paris le 22 février, est interdit. Les organisateurs reculent, mais ouvriers et étudiants manifestent boulevard des Capucines.
Le drame éclate: la troupe tire sur la foule, 16 personnes sont tuées dans la nuit du 23 février. Les insurgés promènent le corps des victimes dans les rues et des affiches appellent le peuple à la révolution. A l’aube, des barricades s’élèvent un peu partout. La garde nationale, chargée de rétablir l’ordre, fraternise avec les émeutiers. Ceux-ci envahissent l’Assemblée nationale. Le 24, le roi cède, renvoi Guizot et contraint à l’abdication, s’enfuit. Le même jour, un Gouvernement provisoire républicain est formé par Garnier-Pagès. Il rassemble des députés républicains libéraux, comme François Aragon, Marie ou Adolphe Crémeux, et deux démocrates-socialistes, le socialiste Louis Blanc et “l’ouvrier Albert”, leader d’une société secrète. Ces derniers sont marginalisés alors
que Alexandre Ledru-Rollin et Lamartine dominent le gouvernement.
Aux Tuileries, la foule s’empare du trône qu’ils brûlent, place de la Bastille. La République est proclamée le 26 février et Louis Blanc dirige maintenant un nouveau gouvernement provisoire. Des mesures sont alors prises: les libertés sont rétablies, le suffrage universel (des hommes) est accordé, l’esclavage est supprimé dans les colonies. C’est aussi une république sociale, avec le droit au travail, l’allégement des impôts de consommation et la limitation de la journée de travail à 10 heures à Paris. Pour donner du travail aux chômeurs Louis Blanc organise le 27 février à Paris, des Ateliers nationaux. Ils regroupent vite plus de 110 000 ouvriers. Dans un premier temps, le nouveau régime inspire la confiance et l’enthousiasme populaires; les prêtres bénissent la plantation des “arbres de la Liberté” et l’on célèbre la République universelle.

Les journées de février abolissent définitivement la monarchie.
La Société des Droits de l’Homme s’installe dans le Palais National (ex-Palais Royal), le Louvre devient Palais du Peuple et des clubs républicains s’y installent.


(Groupes sociaux)
Lorsque survient la Révolution, à la fin de février 1848, Lamartine passe publiquement pour le chef de file de l’opposition à Louis-Philippe. La mort est omniprésente dans les oeuvres de Lamartine et d’Hugo qui, par-delà leur création littéraire, s’impliqueront dans la reconstruction démocratique du pays, tous deux députés de Paris à leur heure. Le poète Lamartine s’illustre parmi les meneurs de la révolution de février 1848. Parallèlement, Flaubert et Balzac réagissent et se revendiquent enracinés dans le réel. Plus tard, Zola poursuivra sans relâche cette confrontation à la société et à ses contradictions.
Plusieurs lois limitent et réglementent enfin le travail des enfants...

 

• Juin 1848
Juin 1848: journées (22-26 juin) au cours desquelles une insurrection ouvrière parisienne, provoquée par la fermeture des Ateliers nationaux, fut réprimée avec violence par le général Cavaignac.

L’enthousiasme des parisiens pour la nouvelle république humanitaire dure peu, dès la mi-mars on signale des violences à Paris.

En effet, les tensions, la misère et l’exploitation deviennent plus fortes. La bourgeoisie vide ses comptes dans les banques et les caisses d’épargne, et relance la crise économique par une crise financière.
Le 23 avril, malgré l’opposition des républicains, le peuple choisit ses députés. 100 radicaux ou socialistes et 300 monarchistes hostiles aux mesures coûteuses, sont élus. Partisan des modérés, le général Cavaignac, ministre de la Guerre devient chef de l’exécutif. Paris est en état de siège.
Une nouvelle fois, l’Assemblée et le peuple s’opposent dans les rues.

Le 21 juin, les ateliers nationaux, jugés trop coûteux et dirigés par les socialistes et bonapartistes, sont dissous: plus de 100 000 hommes perdent leur emploi. La suppression de ces «gouffres à millions» provoqua l’émeute ouvrière dite «journées de Juin» (23-26 juin). L’est de Paris se couvre de barricades, le général Cavaignac, persuadé de réprimer des brigands qui mettent en péril la république, envoie la troupe dirigée par des royalistes et mate cette nouvelle insurrection. Il fait 1500 morts, 15000 prisonniers. L’Archevêque de Paris tente de négocier la fin des combats mais il est tué à la Bastille. Les énormes barricades du faubourg Saint-Antoine tombent, les unes après les autres...

L’illusion lyrique de février se noie dans le sang.
Cavaignac deviendra président du Conseil, succédant à la Commission exécutive mais sera largement battu aux élections présidentielles du 10 décembre 1848 par Louis Napoléon Bonaparte, l’aînée des neveux de l’Empereur (Napoléon Ier) exilé depuis la fin du Premier Empire et profitant de la révolution de février pour rentrer en France.

(Groupes sociaux)
Le gouvernement Cavaignac limite la liberté de la presse et fixe la journée de travail à douze heures quotidiennes.


Témoignages de juin 1848:
a- vu par un l'écrivain Tocqueville:
Me voici arrivé à cette insurrection de juin, la plus singulière de notre histoire, la plus grande car, pendant 4 jours plus de 100 000 hommes y furent engagés; la plus singulière car les insurgés y combattirent avec un ensemble merveilleux. Ce qui la distingua c’est qu’elle n’eut pas pour but de changer de gouvernement mais d’altérer l’ordre de la société. Elle ne fut pas une lutte politique mais un combat de classes. Elle sortit des idées socialistes et des idées de février; et on ne doit y voir qu’un effort brutal des ouvriers pour échapper aux nécessites de leur condition qu’on leur avait dépeinte comme une oppression illégitime et pour s’ouvrir un chemin vers ce bien-être montré comme un droit.

b- vu par un marxiste: Engels:
Ce qui distingua la révolution de juin de toutes les révolutions précédentes, c’est l’absence d’illusions. Les ouvriers du 23 juin luttent pour leur existence, la patrie a perdu pour eux toute signification. C’est la révolution du désespoir... Elle est la première qui divise la société en 2 grands camps ennemis qui sont représentés par le Paris de l’est et le Paris de l’ouest. L’unanimité de février a disparu.


c- vu par l’écrivain Mérimée:
Voilà 5 jours que je couche sur le pavé avec tout ce qu’il y a d’honnêtes gens à Paris. Nous l’avons échappé belle... Pour les insurgés il s’agissait de piller Paris et d’y établir un gouvernement de guillotine; pour nous de défendre notre peau. Les insurgés étaient nombreux, organisés et bien armés... Ils massacraient les prisonniers, leur coupaient les mains... Sur leurs barricades, on voyait, à côté du drapeau rouge, des têtes et des bras coupés... Sera-t-il jamais possible de faire quelque chose d’un peuple toujours prêt à tuer et à se faire tuer pour un mot vide de sens. La dernière bataille a été pour les insurgés une dure leçon, mais on ne peut espérer que le danger soit définitivement conjuré.

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